Création : 2012 Durée : 1h00 Public : 100 personnes
La Canopée est un spectacle qui investit les toits de la ville à l’échelle d’un îlot d’habitations. Le public, situé en hauteur, découvre une succession d’images dessinées faisant jaillir de la cime des immeubles une histoire fantasmée de leurs intérieurs. Des personnages évoluent sur les toits et revisitent des gestes de tous les jours (marcher, faire la sieste, s’asseoir pour contempler le paysage, accrocher du linge…). Des balayeurs viennent chatouiller les immeubles provoquant l’émanation puis l’évaporation des images dessinées. Les scènes se superposent, la baignoire devient bol de soupe, le repas familial explose en assiettes cassées, les dormeurs se retrouvent au plafond.
C’est une bande dessinée grandeur nature.
La Canopée est née de la fascination des rapports qu’entretiennent les habitants avec leur environnement urbain. La ville comme un espace politique où se côtoient et se rencontrent les idées et les cultures, où les enjeux, les pratiques et les conflits, au sens constructif du terme, prennent place et s’ancrent dans l’espace public, zone de partage et de négociation. Mais aussi la ville comme potentiel créatif, comme creuset de nouvelles rencontres et d’initiatives, comme lieu de fabrication, d’invention, d’expérimentation. Enfin, la ville comme paysage et poésie, où les vies s’entassent, se frottent et s’évaporent, où l’absurde côtoie le sérieux, la ville comme une biographie de la société, où les histoires réécrites les unes sur les autres forment un étrange manuscrit à déchiffrer. Dans le spectacle de La Canopée, les toits sont les couvercles de la ville et condensent les bribes de vie qui en émanent, qui s’évaporent.
De jour ou de nuit, la Canopée investit au moins trois toits proches, dont un sur lequel le public peut aller et contempler le paysage depuis une hauteur. Les personnages du spectacle évoluent en l’air, sur les toits plats ou en pentes, sur les terrasses ou les façades. De curieuses images dessinées apparaissent sur des tissus tendus, pendus, suspendus. Elles représentent des scènes fantasmées qui pourraient prendre place à l’intérieur des habitations. Les unes à la suite des autres ou superposées, elles guident le fil d’une narration sur l’intime, que le public se construit dans sa tête. Une bande sonore accompagne la lecture, l’oriente et la bouleverse tour à tour.
Le spectacle met en scène l’environnement avec une installation visuelle inscrite dans le paysage, des constructions légères – éphémères – voire évolutives, une création sonore qui accompagne le public et participe à la mise en état – en réception, des éléments scénographiques à activer, des projections. C’est une installation vivante, habitée, qui résonne dans le paysage.
Le public a accès à plusieurs niveaux de lectures (de loin – de près – dedans – dehors). Il est invité à visiter le lieu et à vivre un moment de projection, à échanger.
Des actions quotidiennes viennent en jeu. Elles complètent les images dessinées sur le même registre, à la fois banales dans le geste, et décalées de part leur situation sur les toits. Balayer, s’assoir pour contempler, déambuler, s’allonger, étendre du linge… Tous ces éléments de l’ordinaire prennent une position universelle ; tout en provoquant une histoire singulière qui invite au décollage de l’imaginaire.
Cette création sur le long terme a bénéficié de trois résidences à Marseille (Cité des Arts de la Rue), à Tours (pOlau, Pôle des Arts Urbains) et à Mulhouse (festival Scènes de Rue). Cette dernière a été clôturée par une première série de représentations publiques. Le projet de La Canopée est lauréat du dispositif “Écrire pour la rue” (Ministère de la Culture / SACD).
En collaboration avec l’illustratrice Gala Vanson et le vidéaste Jérémy Boulard Le Fur.
Équipe Folie Kilomètre : Abigaël Lordon, Maël Palu, Julien Rodriguez, Elsa Vanzande.